Des militaires réclamant un avancement sur salaires et de meilleures soldes bloquent Bouakédepuis mardi matin. La deuxième ville de Côte d’Ivoire est paralysée par des barricades et d’importants bouchons. Des mouvements de contestation ont également été signalés à Abidjan.
Après Bouaké, la grogne des militaires ivoiriens s’est étendue à Korhogo (Nord), Daloa (Centre-Ouest) et Abidjan, plus précisément au camp commando d’Abobo, ainsi qu’au groupement des sapeurs pompiers militaires (GSPM).
Des dizaines de soldats, non armés, dont certains ont le visage encagoulé ou recouvert de peintures blanches, sont disséminés au quatre coins de Bouaké depuis mardi 18 novembre au matin, rapporte l’AFP. Réclamant de l’avancement sur salaires et de meilleures soldes, ils ont dressé des barricades sur les principaux axes de l’ancienne capitale de la rébellion favorable à l’actuel président Alassane Ouattara, qui contrôla le nord du pays de 2002 à 2011, quand la Côte d’Ivoire était coupée en deux. Seul le Sud était alors tenu par les forces loyalistes à l’ancien chef de l’État Laurent Gbagbo.
La deuxième ville du pays est paralysée par d’importants bouchons et les principaux magasins sont fermés. « Nous manifestons pour réclamer nos droits. Durant deux jours, nous allons paralyser les principales villes de l’intérieur. Si nous n’avons pas gain de cause, le troisième jour nous allons nous attaquer aux institutions bancaires », a menacé un officier basé à Abidjan.
Dans une déclaration faite en début d’après-midi à la RTI (Radio télévision ivoirienne), le ministre de la Défense Paul Koffi Koffi a appelé les militaires « à regagner leur poste ». Il a déclaré que le chef de l’État Alassane Ouattara l’a instruit de recevoir immédiatement une délégation des FRCI pour qu’ils fassent des propositions au Conseil nationale de sécurité.
Le ministre Koffi Koffi a également annoncé que les arriérés de soldes et de déplacements de 476 ex-FDS (Forces de défense et de sécurité) seraient réglés entre fin novembre et fin décembre. « Les allocations de ressources pour couvrir les frais de santé seront accrues », a-t-il aussi déclaré.
Tensions
Quelque 8 000 ex-soldats de l’ex-rébellion des Forces nouvelles ont été reversés entre 2009 et 2011 par vagues successives dans l’effectif de l’armée régulière, conformément à l’Accord politique de Ouagadougou.
Ces militaires, qui avaient déserté l’armée régulière en 2002 pour rejoindre l’ex-rébellion, et avaient vu leur salaire suspendu pendant la décennie de crise militaro-politique (2002-2011), réclament des « arriérés de solde », ainsi qu’une « harmonisation » des grades en fonction de leur ancienneté dans l’armée.
« Nous avons accordé au président de la République un temps pour qu’il constate de lui-même les irrégularités administratives. Mais le général Bakayoko (Soumaïla Bakayoko, le chef d’état-major des armées ivoiriennes) est encore dans la peau d’un chef rebelle », a dénoncé un officier.
AFP